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From the magazine BR-DC 1/2024 | S. 1-1 The following page is 1

Albertine ou Gilberte ? Telle est la question juridique

À l’âge de mes étudiant.e.s, je n’étais encore jamais arrivé au bout d’une seule page de Proust. Pour m’en justifier, j’avais comme souvent en réserve une citation bien commode ; en l’occurrence, l’horrible sentence de Céline : « 300 pages pour nous faire comprendre que Tutur enc*** Tatave, c’est trop. » Cet oreiller de paresse me fait honte aujourd’hui. Je m’en veux aussi de ne pas avoir compris à l’époque qu’il est rembourré à moitié d’homophobie, et pour l’autre moitié d’antisémitisme. Il m’a privé durant 30 ans de 2500 pages chacune indispensables, qui m’ont fait ouvrir les yeux plus grand sur le monde, y compris en tant que juriste. L’une de ces épiphanies mérite d’être partagée ici.

Vers la fin du roman « Albertine disparue », alors que le narrateur en séjour à Venise a passé plus de 200 pages à méditer sur l’amour, le manque et le souvenir, voilà qu’il reçoit un télégramme d’Albertine lui annonçant qu’elle n’est…

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